Point à date : quel embarras !
Nous y voilà : J-60... L'échéance approche.
J'ai décidé de sortir de ma coquille et de braver une promesse que je m'étais faite pour m'éviter des discussions interminables, des fâcheries, parfois de l'inconfort et des pertes d'énergie car la plupart des gens polémiquent sans être pour autant dans l'échange, c'est à dire capable de s'ouvrir et d'accueillir des visions autres que les leurs. Syndrôme en cause : le très répandu RBNIH. Rejected because not invented here...
J'ai donc recommencé à parler politique. Par manque, par avidité et par curiosité aussi.
Avec mes amis, des connaissances, mes collègues, ma famille, et même mon fromager...
Bilan de chacune des discussions : chacun énonce un double-traumatisme.
Le premier, celui du scenario des dernières présidentielles. On a tous l'impression d'avoir subi les choses malgré nous, d'avoir pris des risques inconscients ou tout au moins inconsidérés. Et au final, aucune satisfaction électorale ou citoyenne car on a - pour beaucoup d'entre nous - du opérer un vote par défaut. A défaut d'un vote engagé, ferme, personnel....
Le second traumastisme est le fruit de l'anticipation. L'élection approche et quelles que soient les convictions des gens avec qui je discute, ils me détaillent leur tactique de vote. A mon grand étonnement, le point commun c'est la logique de vote par défaut avec les tactiques premier tour, puis second tour en fonction du scenario in fine. Logique, tactique, stratégie : la majorité ne parvient pas à se reconnaître dans au moins UN candidat.
Parmi les cas de figure rencontrés :
> Des gens de gauche qui pensent voter à droite. Pourquoi ? Par défaut !
> Des gens de droite dont le coeur balance, malgré leur détermination habituelle. Pourquoi ? Par défaut encore...
> Des gens généralement clairs et engagés qui ne savent toujours pas quoi faire. Ils aviseront en temps voulus, dans l'isoloir. Par défaut.
> Des gens d'opinions usuellement qui finissent par se mettre à prier pour que ces élections connaissent un violent rebondissement : que Jacques Chirac se représente à nouveau. Pourquoi ? Pour pouvoir voter pour le "moins pire", celui qu'on connait. Et envisager le vote le plus en accord avec soi dans le domaine du vote par défaut.
> Alors pourquoi ?
Pourquoi ne pas faire part en masse de cet embarras ?
Pourquoi ne pas décider de voter blanc plutot que par défaut ?
Pourquoi ne pas leur faire savoir que le "casting" tout démocratique qu'il est nous laisse tous perplexes ?
> Pourquoi ?
Pourquoi ne pas allier nos voix et mettre en place une stratégie de vote ?
Pourquoi ne pas abandonner cette vision par défaut ?
Pourquoi ne pas.... envisager une révolution civique populaire ?
Trouvons les leviers de contestation civique qui nous permettent de vivre les élections sans les subir ? sans vote par défaut ? sans faire de la tactique prévisionnelle par défaut ? sans inhiber nos voix (toutes nos voix, pas seulement électorales) de l'insatisfaction ?
La suite au prochain numéro.
